Fournaise Landaise

Dernière ligne droite pour la qualification au PBP…et question lignes droites nous avons été gâtés ! je ne sais pas si la chaleur et la monotonie du parcours ont été effacés par le reflet du soleil couchant sur la forêt landaise ou bien par ce repas improbable partagé dans un casino à 1h00 du matin…Une chose est sûre, ce 600 marque la fin de la campagne des BRM et l’obtention du dernier sésame pour participer au Paris Brest.

Il est 2h30 ce samedi 1er juin et je me lève en sursaut au son du réveil. Je n’ai pratiquement pas dormi, des douleurs au dos m’empêchent de m’allonger…et je cumule dans la série des bobos car je sors de 7 jours d’arrêt causés par une bonne angine. Je me prépare avec fébrilité ayant tiré un trait sur un quelconque objectif chronométrique. Le circuit n’est pas dur mais la chaleur annoncée risque de corser l’affaire. Je veux tout de même essayer de rouler non stop, d’ordinaire je m’arrête à l’hôtel pour un 600.

Nous sommes 23 inscrits. Daniel Arnaudet et Guy Faure nous libèrent à 4h00. David de Périgueux et présent avec son collègue Philippe de Brives. Fabien appréhende la distance mais comme à son habitude le garçon est prêt ! Direction Monpazier…et dès les premiers talus, je sens bien que mon cardio s’affole. je ne suis pas étonné car ma dernière sortie de reprise 2 jours plus tôt ne m’avait guère rassurée.

Un groupe de 6 se forme naturellement et les relais s’organisent à 4. David et Philippe nous prêtent main forte. On gère la fougère…la route est longue. Le jour se lève du côté de Goujounac et nous supportons le maillot manche longue…il fait 10 °C. Les coqs s’égosillent à Monpazier.

Il est 8h30 et nous avons parcouru 105 km et une grande partie du dénivelé de la journée ! 15 mn d’arrêt pour tamponner et se dévêtir.

Le profil s’adoucit considérablement. Nous suivons la vallée du Dropt. Le compteur ne doit pas dépasser les 30 km/h../c’est une règle même si le vent est plutôt favorable..sous peine de devoir payer une addition lourde plus tard dans la journée. Le Briviste, solide rouleur, a tendance à écraser un peu fort les manivelles et est souvent rappelé à l’ordre par son ami David !

Le soleil tape déjà…par précaution je m’arrête et sort la crème solaire. Nous arrivons à La Réole…puis Langon…le trafic devient dense le long de la Garonne. Enfin nous empruntons la route de Guillos qui nous mène au cœur du vignoble du Sauternes. Domaines prestigieux…Château Yquem en vu !

Nous sommes en avance sur le plan de route de Fabien. Notre moyenne flirte avec les 29 km/h de moyenne. Nous tournons à 3 avec David et nos compagnons restent à l’abris dans nos roues. Il fait chaud maintenant et il reste 40 km à parcourir avant d’atteindre le second contrôle à Mios. Arrêt robinet trouvé par Fabien qui n’a rien perdu de sa lucidité !

Nous arrivons enfin à Mios avant 13h00 après 234 km parcouru. Une épicerie et une boulangerie sont encore ouvertes. Nous avons un peu d’ombre et nous nous reposons à même le sol durant 20 mn. Il fait chaud. La famille de Fabien, en vacance dans le secteur, est venue nous encourager.

Il faut repartir après un sérieux badigeonnage de crème solaire. Des lignes droites de 10 km nous attendent… C’est la partie la moins intéressante de la journée. Il fait chaud, le trafic est dense et la route ultra monotone…il faut tenir et avancer vers notre prochain lieu de contrôle. Nous prenons des relais à 3 avec David et Fabien. Rapidement Philippe de Brives décroche…il est victime d’un coup de chaud. David l’attend d’un commun accord et nous continuons à 4.

Ces lignes droites sont interminables. Nous roulons entre 28 et 29 km/h. Après Sanguinet le vent est défavorable…le piège Landais se referme sur nous…Pas d’affollement nous avançons assurément et décidons de nous arrêter dès que le besoin s’en fait sentir. Une pause fraîcheur à Parentis en Born est la bienvenue. Denis et Francis nous offrent à boire pour nous remercier de les abriter jusque là. Après 10 mn d’arrêt voici David qui revient sur nous. Philippe a décidé de continuer à sa main. Nous sommes donc 5 maintenant à filer vers Castets.

Mimizan est franchie et nous ne verrons pas la plage. Une seule obsession rallier le prochain contrôle. Ainsi va la vie du randonneur…trouver à boire, à manger et un tampon pour la carte de route. Nous venons de franchir le km 300…le chemin est encore long mais ça fait du bien au moral…maintenant on rentre. Comment vont les troupes ? Fabien se porte comme un charme, égal à lui même. David semble moins à l’aise. Il faut dire qu’il nous a aidé depuis le début en faisant sa part du travail. Francis et Denis restent toujours dans les roues et suivent l’allure. De mon côté j’ai juste une douleur au niveau des mains. Le genou tourne à merveille et les jambes reviennent bien au fur et à mesure des km.

C’est à 17h30 que nous arrivons à Castets au km 337. Notre moyenne arrêt compris est toujours supérieure à 25 km/h. Il fait chaud sur la place. Nous nous arrêtons 30 mn sous une tonnelle.

Le prochain contrôle se situe à Casteljaloux dans 134 km. Fabien a coché un arrêt repas à Captieux à la cafétéria d’une aire d’autoroute. Avec la chaleur et la fatigue qui s’installe, nous prévoyons de faire des petites pauses tous le 40/ 50 km pour remplir les bidons.

Nous repartons…toujours tranquillement durant les premiers km afin de remettre la machine en route. Le vent est de côté maintenant. Nous maintenons une vitesse entre 28 et 30 km/h. David ne suit plus et éprouve le besoin de souffler. En bon diagonaliste, il a l’habitude et préfère rouler à sa main. 

Nous passons devant les arènes de Rion des Landes. Arrêt 10 mn à la boulangerie vers 19h.

Direction Luxey. Les lignes droites sont toujours interminables mais il ne fait plus chaud et la journée s’achève. Arrêt 10 mn aux toilettes publiques, ça commence à tirer dans tous les sens…On boit, on tape dans la sacoche la moindre chose à manger.

Nous repartons en direction de Captieux. L’allure est volontairement réduite entre 27 et 28 km/h pour que tout le monde puisse suivre. Le soleil se couche et les lignes droites deviennent enfin belles !

Nous arrivons à Captieux tant attendu à la tombée de la nuit au km 438…Fabien nous fait saliver depuis plusieurs heures avec sa cafétéria, elle se trouve sur l’aire d’autoroute voisine et normalement nous devons y avoir accès…Petit bémol et grande désillusion…nous n’arrivons pas à rentrer dans cette aire d’autoroute. En fait il y a juste un portail de service que nous n’avons pas osé emprunter et qui pourtant était ouvert…(David nous le confirmera plus tard !). Tant pis nous repartons vaillamment pour Casteljaloux se disant qu’un bar sera bien ouvert même à cette heure tardive…

Les 33 km qui nous séparent du contrôle sont vite avalés dans la nuit noire. Nous avons faim et coup de chance un bar est encore ouvert à 23h45 ! Soirée karaoké, il y a de l’ambiance. Nous suscitons beaucoup d’intérêt en tenue de cycliste au milieu des fêtards. Il n’ y a plus rien à manger, on nous conseille d’aller au  restaurant du Casino…Sûr ils vous serviront des pizzas ! Banco, nous rebroussons chemin sur 2 km. Mon royaume pour une pizza. 1h30 d’arrêt au total pour engloutir une Reine avec tomate, champignon , jambon, fromage. Situation assez cocasse de se retrouver dans un casino à côté des machines à sous !

Nous repartons à 1h15, il reste 130 km à parcourir. Il fait froid, enfin avec la fatigue nous ressentons le froid. Après Damazan, nous connaissons la route que nous avions emprunté au 400 en sens inverse l’année dernière. C’est vraiment monotone. Fabien semble bien et je commence à m’endormir. Je cherche un robinet d’eau pour m’asperger le visage en vain. Vers 4h du matin une boulangerie nous ouvre ses portes. Le jeune patron est très sympas et nous sert des cafés et nous offre même les croissants. Cet arrêt tombe à pic et remet tout le monde en selle. Nous retrouvons David qui naviguait pas très loin de nous suite à nos arrêts successifs (il nous a même doublé à Casteljaloux !).

Il reste 70 km. Nous connaissons bien la route. Et nous roulons fort avec Fabien pour rattraper les 3 compères qui ont pris de l’avance. Nous pensions nous tromper en suivant mon GPS…qui finalement s’avère avoir donné la bonne trace !

La route s’élève avant Tournons d’Agenais. Cette fois nous n’attendons plus, nous avons hâte d’en finir. Et nous partons en laissant nos 3 compagnons terminer eux aussi à leur rythme. Le jour se lève et la vu sur le causse du Quercy Blanc est magnifique.

Nous arrivons à 7h00 à la Barbacane, en bouclant ce 600 en 27h. Un peu plus de 5h d’arrêt et 22h sur le vélo à la moyenne de 27,3 km/h pour un dénivelé de 3200 m+.

C’est fait, le 600 est accompli, ainsi s’achève pour nous  la campagne des BRM 2019. Merci au club de Cahors d’avoir organisé la série complète qualificative…en route pour PBP !

 

 

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