4ème étape de ce périple, on commence à ressentir une fatigue certaine avant de se lancer dans ce qui doit constituer l’étape « reine » du circuit…En effet si ce n’est pas la plus longue étape en terme de kilométrage puisqu’elle ne comporte que 148km, c’est en tout cas celle qui présente au départ le plus important dénivelé positif avec près de 3700m à gravir… Partant de Guillestre pour rejoindre Saint Martin Vésubie, 3 cols sont au programme dont 2 culminent au-delà de 2000m d’altitude. Par ailleurs nous passerons aujourd’hui par la « Cima Coppi » du périple (lors du Giro le col de plus haut du tour est désigné comme tel chaque année, évoluant en classe UCI pro tour pour le temps du séjour, le parallèle apparaît comme évident 😉 !!!)
Notre départ un peu tardif nous laisse peu d’espoir de rattraper pour une fois encore « Sacoche » avec lequel nous avons vécu un chouette moment la veille au soir, le temps de partager ensemble un repas.
Vers 8h15 tout le monde est prêt pour le départ, et c’est avec satisfaction que nous voyons le DS prendre le départ avec nous. Celui-ci a été la veille contraint de monter dans le camion après la descente de l’Izoard, en proie avec deux maux, d’abord une lancinante douleur à la selle provoquée par un furoncle mal placé puis un violent accès de fièvre qui l’a laissé complètement hagard. Pris en charge par le Docteur Tolon, lequel assure en plus d’être un arracheur « hors pair » avoir passé un DU (Diplôme Universitaire) qui lui permet d’exercer la profession de proctologue (non conventionné) à ses heures perdues, nous l’espérons remis sur pied ou plus exactement sur selle…
Départ donc et avant de se lancer dans la montée du col de Vars, il nous faut d’abord franchir une montée qui n’apparait pas sur le Road Book : le col du camping Saint James ! A priori rien d’insurmontable pour les cyclistes montagnards que nous sommes en passe de devenir et pourtant au rond-point de la D902, une information crépite dans les oreillettes : le DS aurait abandonné !!! Nous pensons ou espérons d’abord à une fake-new mais lorsque le camion nous rejoint, il nous faut se rendre à l’évidence…Impossible pour Franck de continuer ainsi, il ne peut plus poser le cul sur la selle et les symptômes fiévreux sont toujours là… C’est un Franck qui n’est plus que la moitié de lui-même que l’on retrouve à la place du passager, plaque de cadre dans le vide poche de la portière… Son abandon est ainsi officialisé et cela jette un froid au sein du groupe. Nous apprendrons plus tard que la fièvre et la blessure à la selle sont en fait les symptômes d’un seul et même mal : une infection avec staphylocoque doré qui a trouvé sur un organisme fatigué tout le loisir de proliférer… A partir de là et l’on s’en doute la traversée prend une toute autre tournure pour le DS…
Et pourtant the show must go on et nous entamons, ainsi sonnés, la montée du col de Vars (2108m)…
Face à la démonstration toujours plus éloquente de la Serpette qui depuis le col de l’Iseran tourne autour des oreilles de tout le monde, Steeve tente de mettre en place une stratégie dictée par l’œil de Cieurac (Nini) : attaque en facteur dès le pied, on ne sait jamais sur un malentendu ça peut fonctionner !!! Mais impossible d’échapper à la vigilance de Fabrice, qui maillot du meilleur grimpeur solidement ancré sur les épaules entend bien prendre un maximum de point au GPM !!!
La montée du col de Vars, longue de 19km est splendide…La pente est régulière et encore aujourd’hui la météo est parfaite : grand ciel bleu…Pourvu que cela dure !
En haut de ce col pause ravito et traditionnelle photo de groupe avec malheureusement un élément en moins et non des moindres !
Nous nous engageons dans une longue descente vers la vallée de l’Ubaye. Le bitume est parfait et le décor féérique…Les étapes précédentes auraient pu nous habituer à la beauté de ces décors sauvages et montagneux, il n’en est rien, aucune lassitude rétinienne, nous profitons à chaque instant de paysages somptueux…
Arrivée à Jausiers , un court arrêt s’organise au cul du camion pour refaire le plein des bidons avant de se lancer dans l’ascension du col de la Bonette, longue de 24km à 6,6% de moyenne. Une bien belle montée encore une fois où chacun monte à sa main…
Steeve remporte la Cima Coppi qu’a bien voulu lui laisser Fabrice en lot de consolation ! Il y retrouve Alain à la Cime pour récupérer Doudoune et Gore-tex en attendant les copains…
Notre chauffeur profite de quelques instants de répit pour monter en haut de la cime où une table d’orientation permet de se repérer face au magnifique panorama qui s’offre à nous…
De nombreux panneaux indiquent que nous nous trouvons sur la plus haute route d’Europe, il n’en est rien, puisque ce titre revient de fait au pic Veleta (3398m) situé en Andalousie…(https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/08/01/el-pico-veleta-le-grand-oublie_3456472_3242.html)
Alain continue de prendre son rôle d’assistant très au sérieux et n’hésite pas à redescendre le mini-bus pour ravitailler en eau les retardataires… Franck bien malade passe quand à lui ce qu’il convient d’appeler une journée de merde, tentant de dormir un peu dans le bus…
Tout le monde se rejoint en haut de la cime, le dernier km qu’il soit pris dans un sens ou dans l’autre de cette boucle est de loin le plus difficile avec des pentes autour de 10% pour atteindre 2802m d’altitude… La température, incroyablement clémente aujourd’hui permet de profiter un moment du cadre avant de plonger dans une longue et fraîche descente…
Petit stop rapide non loin du carrefour du col de la Lombarde qui permet de rejoindre l’Italie, pour débâcher…2 écoles s’affrontent encore dans le groupe…il y a ceux qui préfèrent mettre tout sous le maillot en mode tortue Ninja et ceux pour lesquels la proximité de l’Italie laisse de marbre pour soigner le style (la classe à l’italienne !) et qui n’hésite pas à charger tout sur le ventre…quitte à « saloper » l’harmonie d’une superbe tenue ASSOS !!! Chacun ici se reconnaîtra 😉
Nous trouvons une aire de Pique-Nique pour nous restaurer et laisser à Alain le temps de nous rejoindre…Car s’il est aisé pour notre chauffeur de gravir les cols devant nous, il ne peut nous suivre dans les descentes un peu technique !
Pause casse-croûte puis, comme traditionnellement depuis le début du séjour, petit café avant de reprendre la route…
En repartant les muscles ont refroidi et le saut de chaine de Denis arrive à point nommé pour certain afin de se refaire la cerise après une courte montée… Nous plongeons dans la vallée du Tinée où souffle un vent contraire qui permet aux rouleurs du groupe de faire parler leur qualité ! On pense que Fabrice commence enfin à ressentir la même fatigue qui nous assaille déjà tous, lorsque celui-ci refuse au bout d’un moment de prendre les relais…Il n’en est rien, il se trouve juste limité avec un braquet de cadet (50×14) quand d’autres font chauffer le 12 dents.
Peu avant la Bolinette, le GO (Nini) indique à la troupe qu’il faut tourner à gauche pour affronter le dernier col de la journée : le Col de Saint Martin qui serpente sur 16km d’ascension encore !
Pilou grimpe à sa main et reçoit sur la route même de cette montée la dotation réservée à la lanterne rouge du périple : Somptueuse grille de prix, trois fabuleux disques 45 tours qu’il écoute en boucle depuis !!! Cela crispe un peu l’ambiance dans le groupe qui lui jalouse bien naturellement pareille prime, une juste récompense pour les efforts fournis !
La chaleur en bas est étouffante et orageuse…et l’on voit sur les sommets les nuages s’assombrirent de plus en plus.
Cela n’augure rien de bon et à quelques encablures du sommet le déluge s’abat sur nous !!!
Fabrice est arrivé en haut avant tout le monde et patiente dans l’office du Tourisme de la station de la Colmiane avant qu’Alain n’arrive…
Steeve en termine avec cette ascension au moment où le bus le rejoint…La route n’est plus qu’un torrent où les pierres roulent ! Le temps de se saisir du Gore-tex, il trouve refuge dans un bar…
C’est opération sauve qui peut ! Nous ne sommes alors qu’à 1500m d’altitude et la T° est passée de 33°C à moins de 10°C. Cet incident pourtant commun en montagne nous rappelle si besoin était que nous sommes peu de chose face à l’adversité de la nature !!! En quelques minutes c’est Bagdad !!!
Fort heureusement nous pouvons compter sur notre ange-gardien Alain qui redescend le camion pour aller rechercher les naufragés de la route ! Car normalement un orage est soudain mais ne dure pas…Ceux dans le secteur de Saint Martin Vésubie sont d’un tout autre acabit, la pluie ne cesse de s’abattre rendant la redescente particulièrement dangereuse. Steeve constate malgré lui une certaine récurrence dans ce secteur, il avait dû renoncer à continuer sa route au même endroit en 2014 accompagné de Fabien D…
D’un commun accord nous regagnons le village en camion où nous trouvons encore une fois des hôtes accueillants…
Nicolas a réservé deux chambres de 4 et curieusement cela ne se bouscule pas pour faire chambre avec Pilou et Alain…Non pas évidemment que leur compagnie soit désagréable mais chacun a repéré leur propension à se faire entendre de tous dès la nuit tombée !!! Pilou terminera sa nuit dans le couloir !
Soirée débriefing très sympathique autour des bières et d’un Brésil-Belgique que l’on regarde d’un œil intéressé mais surtout fatigué…
La fin de la traversée approche. Demain dernière étape (ou plutôt demi étape) de 75 km. La suite au prochain épisode…. (texte de l’ami Steeve Machine)