Luchon / Bayonne 2016

Samedi 24 juin, on a fait Luchon / Bayonne. Mais c’est quoi au juste Luchon / Bayonne ? Tout simplement le reste d’une époque presque oubliée. Celle ou les coureurs bouclaient le Tour en 15 étapes. On les appelaient les Forçats de la route. En 1910 la dixième étape traversait pour la première fois les Pyrénées en partant de Bagnère de Luchon pour rallier Bayonne. Pour la petite histoire, c’est Octave Lapize, vainqueur final, qui a gagné l’étape de Bayonne en lachant cette phrase célébre : « assassins, vous êtes tous des assassins ! » Aujourd’hui, les randonneurs continuent de relever le défi et contribuent modestement à entretenir le souvenir et la légende.

Le programme est copieux. Les 5 grands cols se succèdent les uns après les autres durant les 140 premiers kilomètres. Le profil est descendant pendant 100 km jusqu’au pied du Col d’Osquich. Enfin il faut enchaîner une succession de toboggan durant 60 km avant de plonger sur Bayonne.

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Nous sommes 3 pour ce périple. Fabien m’accompagne ainsi que Jean-Marie (un petit nouveau dans le peloton !). L’organisation est au top. Nous partons vendredi 23 juin en direction de Bayonne pour prendre un bus affrété par les organisateurs. L’Aviron Bayonnais ne fait pas les choses à moitié. Nous laissons les vélos dans des camions en espérant que tout se passe bien….

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Sur l’autoroute difficile de passer inaperçu. 5 bus du Basque Bondissant acheminent les cyclos vers Luchon. Après 2 heures de route…arrêt pipi obligatoire vu les litres de Malto que tout le monde s’envoie !

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17h, on retrouve Jean-Marie à Luchon. Il règne une ambiance stressante quand le semi remorque chargé de nos vélos fait son apparition sur le parking de la permanence. Dans quel état son les vélos ? L’Aviron gère parfaitement le déménagement. Les vélos sont intacts, prêt à rouler !

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Samedi 24 juin, réveil à 4h50. On tartine le pain de confiture et le cuissard de Cétavlon !

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On retrouve Jean Marie à 6h15 devant la ligne de départ. Les cyclos arrivent de partout. Beaucoup d’Espagnols. Apparemment, nous sommes 1240 participants sur les 2 formules (en 1 ou 2 jours).

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6h35, un coup de tampon sur le carnet et les organisateurs nous libèrent. Nous pouvons attaquer la première réjouissance de la journée : le col du Peyresourde. Pas de place à l’improvisation. On évolue en terre connue. Les 15 km du Peyresourde sont avalés sans grande difficulté à un rythme un peu élevé en comparaison au 10 km/h que nous nous étions fixés avec Jean-Marie. Fabien prend un peu  de champ. Il est sur son terrain ! Pour l’instant, il ne pleut pas mais le ciel est bien chargé.

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La Gore-Tex est de rigueur au sommet. On prend 5 minutes pour s’habiller tandis que Jean Marie continu dans sa lancée. La pluie fait son apparition avant Arreau. Il ne fait pas trop froid, 10/11 °C. Nos voisins Basques sont venus en masse. On les entend à plusieurs centaines de mètres. Nombreux voyagent léger, voire très léger ! Ils sont pour la plupart assistés d’un véhicule qui ne cessera de doubler et de s’arrêter tout au long des ascensions.

20160625_084553La seconde friandise s’appelle le col d’Aspin. 12 km d’ascension. Du grand classique. Je mouline mon 34×28 en respectant mon 10 km/h tandis que Fabien s’échappe sans trop forcer.

Contrôle au sommet et premier ravitaillement. Nous disposons de tout et à volonté. Il ne fait pas chaud. Nous sommes étonné de ne pas avoir retrouvé Jean-Marie.

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On descend prudemment. Il pleut plus fort et nous sommes content d’avoir emporté des vestes dans nos bagages. Certains sont en court…

Arrêt obligatoire à Sainte Marie de Campan. 60 km accompli, il en reste 260 ! Le plat du jour se dresse devant nous. Il faut compter 17 km pour atteindre les 2115 m d’altitude du Tourmalet, point culminant de notre randonnée. Pause photo devant la statue d’Eugène Christophe qui en forgeant sa fourche à Sainte Marie de Campan a forgé la légende des forçats !

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Je prend mon temps pour me déshabiller, Fabien file devant. Nous nous retrouverons au sommet.

Le brouillard est de plus en plus épais. L’eau ruisselle de partout. Je part un peu fort. J’aime bien ce col. Mais je baisse l’allure sur les portions raides des paravalanches. Je me sens un peu juste pour tenir ce rythme jusqu’au bout sans y laisser trop de force. La route est encore longue !

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Fabien m’attend à l’abri au pied du chemin qui mène au Pic du Midi. Il fait froid et la descente va être compliquée.

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A peine 2 km de descente qu’il faut s’arrêter au point de contrôle. Tout le monde est gelé. La descente va faire mal. On n’y voit rien et le brouillard nous oblige à enlever nos lunettes de soleil. Je peste car c’est frustrant de devoir faire la descente sur les freins. Toujours pas de nouvelles de Jean-Marie malgré nos tentatives d’appel téléphonique.

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Enfin la route sèche avant Barège. La température remonte.

Direction Argeles Gazost. Entraînés par la descente, nous poursuivons notre effort dans la vallée encaissée. Nous rattrapons 3 gars et une partie de manivelle se met en route. ça fait du bien de tourner les cannes. Le groupe se fait plus consistant au gré des kilomètres. Tout à coup j’aperçois Jean-Marie sur le bas côté. Quelle chance de se retrouver. Il est 12h30, cela fait tout juste 6 h que nous sommes partis. 115 km ont été accomplis et il nous en reste encore 205 km avec l’ultime ascension Soulor/Aubisque !

L’approche du col du Soulor est toujours délicate. Passé la rampe d’Argeles, il faut faire face au vent sur un long faux plat montant. On intègre un groupe d’espagnols assez fringants.

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Dès Arrens Marsous, la route s’élève durant 7 km pour franchir le col du Soulor. Les rampes sévères et irrégulières nous mettent dans le rouge. Fabien s’accroche aux coursiers à 12 km/h. On mouline avec Jean-Marie, mais la fatigue s’installe. Le ravitaillement est très attendu.

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Petite descente de 3 km avant d’aborder la montée de l’Aubisque. La météo gâche le spectacle. D’ordinaire le cirque du Litor est une juste récompense pour celui qui passe à pied ou en vélo. Aujourd’hui nous ne voyons rien ! Les 4 derniers km de l’Aubisque sont un peu plus sévères. Fabien comme d’habitude file devant. Je reste à mon allure sans forcer outre mesure. Le col est en vue. Ce moment est important car il met un terme au franchissement des grands cols. Maintenant on va descendre ! Il est 14h30, nous avons parcouru 145 km à une moyenne de 19km/h. Il en reste 175 mais on sait que le profil est favorable. La fatigue commence à se faire sentir…

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La descente est piégeuse. La route est en travaux, nous redoublons de vigilance. Passage devant le casino des Eaux-Bonnes avant d’arriver à Laruns. Il fait bon dans la Vallée. Maintenant on va rouler !

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 Le vent de face est bien présent mais le profil descendant nous permet d’enrouler le gros plateau. On rattrape rapidement quelques gars. Nous assurons les relais à 3. Notre progression est efficace. Cap vers Oloron Sainte Marie. Un Basque se porte à l’avant pour effectuer sa part de travail. Les autres restent dans les roues et profitent de cette aubaine. La vitesse oscille entre 32 et 35 km/h. C’est grisant et nous atteignons rapidement Oloron. Je suis à sec et demande à mes collègues de s’arrêter pour remplir les bidons et se dévêtir (chose que nous n’avons pas fait depuis la descente de l’Aubisque). Nous ratons le passage d’un groupe imposant. Mince, ces roues nous auraient bien convenu pour s’abriter. Tant pis, nous repartons à 3 en direction de Mauléon. Un gars nous reviens dessus. Il doit être fort. Il nous double comme un avion. Jean Marie saute dans sa roue. Tous en file indienne. Incroyable, le type roule en pignon fixe. Il est suivi par un camion d’assistance. Les relais s’organisent. Le vent de face est gênant et il faut vraiment s’employer pour tenir la cadence de notre nouveau compagnon.

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On le laisse filer dans un talus qu’il passe en force. Nous éprouvons le besoin de souffler.

Jusqu’à Mauléon, la route est encore favorable. Mais on se rapproche du col d’Osquich. Une jolie grimpette de 5 km. La table est dressée sous une halle au sommet. J’ai bien du manger 4 sandwichs au pâté.

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Il reste 75 km à parcourir. On nous prévient que la route est casse-patte durant 60 km ! On continu donc, toujours plus vers l’ouest. La route est belle, un vrai billard. Les côtes sont raides mais courtes. Il faut rouler en rythme et profiter de l’élan pour passer les bosses en forces. J’aime bien ce type de parcours. Le paysage est magnifique. On traverse des villages typiques. 2 enfants jouent au fronton, short rouge et tee shirt blanc…pas de doute on est bien au Pays Basque !

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On continue notre progression. Pas de temps mort. L’allure est vive dès que la route permet de relancer. Les bosses sont montées au train. Le soleil nous attire vers Bayonne. Il est 21h00 et visiblement c’est l’heure de l’apéro à Hasparrens ! Encore 25 km. On roule fort. Le vent nous gêne mais les relais passent bien.

Enfin l’Adour, le soleil nous aveugle. On devine les deux flèches de la Cathédrale Sainte Marie de Bayonne. Nous y sommes arrivés !

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Après 15h de vélo (dont 13h30 à pédaler), nous voici arrivés à destination avant le coucher du soleil. Luchon Bayonne est une belle randonnée. La seconde partie, plus roulante, permet de terminer sur une bonne note malgré la fatigue et les conditions météos délicates aux franchissements des 5 cols. Les bénévoles de l’Aviron Bayonnais maîtrisent leur sujet et savent accueillir. Petit bémol, le balai des voitures d’assistance durant les 100 premiers kilomètres…Pour un coup d’essai, Jean-Marie et Fabien ont été parfait. L’entente était excellente et chacun a contribué à faire avancer le groupe…toujours un peu plus vers l’ouest !

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(11 commentaires)

  1. merci nicolas de m’avoir donne l’occasion de realiser ce projet avec ton copain fabien.j’ai apprecie votre compagnie.pour moi c’etait un defit de passer les 300kms.le soleil n’etait pas las mais les souvenirs eux bien presents. nicolas est un gars super.

  2. Le rusé Nicolas nous a encore déniché une petite coursette comme on n’en fait plus. Cette victoire-là est quand même plus probante que celle de Sérignac…
    Bravo pour votre belle entente sur la portion contre le vent, attention quand même à ne pas tout le temps prendre la roue de Froome qui lui est juste en train de s’entrainer en pignon fixe…

  3. Merci Nico de m’avoir invité à cette traversée. Maintenant que le cap des 300 est franchi, place à de nouvelles aventures…je compte sur toi pour nous trouver d’autres belles longues routes !

  4. Bravo ! Bravo ! Bravo !
    Quel reportage, on s’y croirait… la fatigue en moins.
    Oh vieillesse ennemie !… pourquoi ai-je tant vécu !
    c’était un de mes projets, i y a bien des années… heureusement les jeunes sont là pour nous faire encore rêver .
    Merci Nicolas

  5. Superbe ce témoignage, je me suis régalée en le lisant et en plus j’ai appris pleins de choses.
    Bravo pour ce périple, il faudra le refaire avec le beau temps…..

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